Pigeon, Canard et Patinette - Fred Guichen

Auteur : Fred Guichen
Editions : Le passager clandestin
Genre : Nouvelle
Parution : 2016
Pages : 64

" Epuisé par les efforts qu'il venait de fournir, Patinette ne tenta même pas de planter la bêche et la laissa tomber sur la terre qu'il venait de retourner. "

Ma note : 16/20

Synopsis :
An 103 après La Catastrophe. Quelque part sur les côtes bretonnes. D’abord, il y a Le Secteur, un petit coin tranquille, bien protégé par une enceinte de terre, de roches et de béton haute de 20 mètres ; derrière, trois villages coupés du monde extérieur et administrés par une trentaine d’individus solidaires, doux comme des agneaux et rongés par les mutations mais tellement heureux de (sur)vivre. Il y a Patinette, un bon gars au pied bot et aux bras trop courts, sa sœur Hermeline, frappée de progeria mais tellement adorable, et Canard, le cousin, dont la tumeur galopante au cerveau n’entame pas la joie de vivre. Et puis, il a Pigeon, le maire de la communauté, fragilisé par sa taille de géant mais toujours présent pour ses amis, Globule, Jacotte, Moignons, La Bouquin et les autres. Seul lien avec l’état, le Contremaître supervise l’activité de tout ce petit monde, car ils ont l’insigne honneur de s’occuper, d’entretenir, de dorloter le réacteur numéro 2 de La Centrale, responsable de La Catastrophe du 18 mai 1970, il y a un siècle de cela. Mais la nouvelle est tombée : le gouvernement a décidé d’arrêter les frais ; cette cour des miracles n’est plus rentable et on dit qu’une guerre couve, alors… Alors, que vont devenir Pigeon, Canard, Patinette et les autres ? Quel est ce formidable lien qui les unit tous ? Quel avenir pour ces enfants de l’atome dans un monde qu’ils ne connaissent pas ? Et s’ils étaient le salut de l’Humanité ? Ce livre est le résultat du concours d’écriture lancé par le passager clandestin sur les thèmes de la terreur nucléaire, du complexe militaro-industriel, du mensonge d’État et du contrôle politique. Les membres du comité de lecture étaient Jean-Pierre Andrevon, Nicolas Bayart, Dominique Bellec et Frédérique Giacomoni des éditions le passager clandestin, Philippe Lécuyer, directeur de la collection Dyschroniques, Étienne Angot, libraire spécialisé science-fiction à la librairie Le merle moqueur à Paris, Mathias Échenay, directeur des éditions La Volte, et Hubert Prolongeau, journaliste et écrivain.

Ce que j'en ai pensé :

Je tiens tout d'abord à remercier Frédérique Giacomoni des éditions le passager clandestin de m'avoir permis de découvrir à l'occasion de l'opération Masse critique de Babélio du mois dernier, cette œuvre. Merci pour ce petit mot écrit de votre main sur votre carte qui m'a extrêmement touchée.

Que dire sur Pigeon, Canard et Patinette ?

Tout d'abord, parlons du titre et de la couverture, je le fais rarement mais je trouve ici que ça s'impose. Cette poupée pratiquement intacte à part ses yeux dans une pièce désaffectée laisse prédire le pire mais également a une touche rassurante comme si le pire n'était finalement pas la fin, et apporte la touche d'espoir.
Quant au titre, il est difficilement plus accrocheur ! Il ne laisse pas indifférent et m'a capté.

En ce qui concerne le livre, nous découvrons des personnages attachants malgré le nombre de pages réduit. Je ne vous refais pas l'histoire qui est déjà assez détaillée dans le synopsis. Mais voilà, j'ai toujours eu du mal avec les nouvelles et là encore j'en veux plus.

Je souhaite m'adresser exceptionnellement à Fred Guichen, afin de lui dire que j'attends la suite. Ceci n'est qu'une mise en bouche ? Je l'espère.
J'ai envie d'en avoir plus. J'ai envie d'avoir le point de vue de plusieurs personnages, celui tout d'abord de la fille Bouquin (qui est le père, comment va-t-elle vivre le fait de devenir mère, quels sont ces doutes et ses angoisses, mais également ses instants de bonheur) ; ensuite le contremaître (va-t-il revenir, est-il condamné, va-t-il se rendre compte que les idiots ne sont pas ceux auxquels nous pensons) et ensuite petit Frère dont la description m'a énormément bouleversée (que ressent-il exactement au sujet de la bête).

Vous l'aurez sans doute compris, cette nouvelle est loin d'avoir assouvi tous mes besoins de réponses, mais ce fut une très belle découverte que cette œuvre. Avec une plume simple mais très bien maîtrisée sans fioriture, elle est réellement efficace. Elle m'a fait me poser beaucoup de questions autres que celles déjà évoquées ci-dessus : comment l'auteur s'est-il documenté pour écrire cette nouvelle. Est-ce que ça existe vraiment compte-tenu des différentes catastrophes nucléaires que nous connaissons, j'avoue être trop frileuse pour faire des recherches.

Citations :

" Parfois, le plaisir se transforme en terreur. Pourquoi la limite entre les deux sensations était-elle si ténue ? "

" Le bonheur ne dépendait pas du temps qu'il leur restait à vivre, mais de l'usage qu'ils en faisaient. Il suffisait de se conformer le plus possible aux règles simples [...] : douceur, bonté, partage. Alors, tout devenait plus facile. "

" Il restait deux ou trois anciens qui se donnaient un genre en prétendant descendre des derniers marins-pêcheurs de la région mais personne ne les prenait vraiment au sérieux. C'était surtout un prétexte pour fumer la pie, porter la barbe et de gros pulls à col roulé. "

" Il ne comprendrait jamais les civils. Des idéalistes, rien d'autres. Comme si on faisait l'histoire avec des idéaux ! Du concret, de l'action, voilà ce qui comptait vraiment, ça qui avait fait progresser l'humanité depuis l'âge de la pierre et des os taillés en pointe jusqu'à la bombe atomique. Et cette détermination lui permettra de sortir de la crise dans laquelle elle pataugeait depuis un bon siècle, il en avait la conviction. Le capitaine nourrissait une foi inébranlable en son gouvernement, la science et la grandeur de l'espèce humaine. "

Le mot de la fin :

Cette nouvelle a donc un gout de peu mais qui est passionnante. Si vous décidez de lire ce livre ne chercher à pas à voir une vitrine du musée des horreurs mais comme une œuvre qui présente des gens qui ressentent, qui vivent, qui chérissent et qui ont développer un nouveau sens qui nous échappe.


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